Saint Gratien manque cruellement de médecins, particulièrement dans le quartier des Raguenets.
L’accès aux soins devient une préoccupation grandissante chez de nombreuses personnes dans notre ville.
Dès 2014, à l’occasion des élections municipales, nous avons porté le projet d’un centre municipal de santé, installé aux Raguenets. C’est la seule structure capable de fixer des médecins dans cette partie de la ville, et d’offrir aux habitants des services médicaux de qualité, accessibles à tous. Depuis, lors de chaque débat budgétaire, nous avons rappelé cette proposition au Conseil municipal.
Aujourd’hui, la ville se décide enfin à se préoccuper des difficultés d’accès aux soins des Gratiennois.e.s. avec le projet d’une maison de santé. Il faut aller plus loin.
Un centre municipal de santé : tout le monde y gagne !
Pourquoi notre proposition d’un centre municipal de santé ? Quelles différences avec une maison de santé ?
Dans un centre de santé, les médecins pratiquent le tiers-payant, sans dépassement d’honoraires, ce qui assure un accès aux soins à tous, sans discrimination ni sélection. La vocation d'un centre de santé et des professionnels qui y exercent est de répondre à tous selon ses besoins, quelques soient ses moyens.
Tout le monde y trouve son compte.
-Les patients : ils y trouvent une offre de soins de qualité, sur des plages horaires assez étendues, avec ou sans rendez-vous. Le parcours de soins y est facilité, car le centre travaille en partenariat avec d’autres structures sanitaires ou sociales de la commune, la PMI, la médecine scolaire, l’hôpital. Tous les patients (CMU, AME..) y sont accueillis.
-Les médecins : l’exercice salarié, l’assurance de concentrer son temps sur l’activité médicale, sans avoir à gérer la lourdeur administrative d’un cabinet, l’exercice coordonné : tout cela attire les professionnels de santé. Cela répond à la demande de jeunes médecins, qui veulent s’orienter vers une pratique pluri professionnelle. À Saint Gratien, cela peut favoriser la venue de nouveaux médecins, alors qu’on sait que cela est difficile quand il s’agit d’un exercice libéral en cabinet privé. Le centre de santé est une réponse efficace à la désertification médicale.
Les centres de santé sont des structures publiques, ce qui garantit que leurs orientations seront bien conformes aux besoins de la population. Ils assurent des missions de prévention, de dépistage et d’éducation à la santé, favorisant une prise en charge globale de la santé, ce que ne fait pas une maison de santé.
Les centres de santé sont attractifs. Ils sont complémentaires à l’exercice libéral de la médecine. L’exercice regroupé et coordonné est le fondement de la pratique des centres de santé. Le dossier médical partagé évite la redondance des examens complémentaires et assure la possibilité d’échanges entre praticiens.
Par un exercice médical regroupé et coordonné, et la participation des patients, les centres de santé apportent une réponse plus cohérente et plus économe que d’autres aux problèmes de santé.
Des structures utiles et reconnues
Longtemps peu considérés par les pouvoirs publics, les centres de santé sont revenus sur le devant de la scène. Le gouvernement a ainsi rappelé « l’importance de la place des centres de santé dans l’offre de soins de premier recours et la nécessité de conforter cette place dans les zones urbaines sensibles ». Le ministère de la Santé a décidé de soutenir les projets de centres de santé dans des quartiers particulièrement déficitaires en matière d’offre de soins de premier recours.
L’Inspection générale des affaires sociales (Igas) a constaté la réelle utilité sanitaire et sociale des centres de santé. « S’ils ne représentent qu’un faible pourcentage des dépenses de santé ambulatoires au niveau national, ils assurent une offre de soins précieuse dans des quartiers à faible densité de professionnels libéraux et répondent aux préoccupations financières d’accès aux soins. »
Ces centres répondent aussi aux attentes d’une bonne partie des jeunes professionnels qui « souhaitent travailler en équipe, diversifier leurs activités soignantes et mieux concilier vie professionnelle et vie familiale. Ils sont demandeurs d’un travail salarié dans une structure aux horaires souples, où ils n’ont pas à remplir des tâches administratives, contrairement à l’exercice libéral, d’autant plus qu’ils sont moins dans une logique entrepreneuriale que leurs aînés », analyse le Dr Richard Lopez, président de la Fédération nationale des centres de santé (FNCS).
Les centres de santé dans le Val d’Oise
Il existe différents centres de santé dans notre département : Argenteuil, Bezons, Goussainville, Franconville… un nouveau centre intercommunal vient de s’ouvrir à Fosses/Marly, et un projet va voir le jour prochainement à Cergy.
Les centres de santé sont gérés par des associations, des mutuelles ou des communes. Un centre de santé peut être municipal ou porté par un syndicat intercommunal, ou une communauté d’agglomération.
En France, 2 000 centres de santé sont implantés sur tous les territoires. Une fédération nationale regroupe des gestionnaires de centres de santé, accompagne les porteurs de projets de création de centres de santé et soutient les centres en activité.
Quel financement pour un centre de santé ?
Les centres de santé sont principalement financés par l’assurance maladie sur la base du nombre d’actes accomplis par les personnels soignants, actes ayant la même valeur que ceux réalisés en médecine libérale. Ils bénéficient également de subventions provenant non seulement de la ville, mais également du conseil départemental, du conseil régional et de l’agence régionale de santé.
Pour les collectivités locales, le financement d’un centre de santé est un choix politique, au même titre que la municipalité financerait un théâtre ou des installations sportives. La ville peut décider de faire plus ou moins de prévention dans un centre de santé, ce qui va avoir des conséquences sur le volume d’activité payé à l’acte. C’est à la municipalité de décider comment elle intervient dans le financement du centre, et comment elle veut le mettre en avant dans sa politique de santé publique.
Saint Gratien : le projet de maison de santé de la ville élaboré en catimini
Interrogé par nos soins en novembre 2018 sur le devenir des locaux de la poste, le maire nous répondait « n’avoir aucune information spécifique à communiquer ». Ainsi ce projet –qui ne figurait pas dans les propositions de la majorité en 2014, contrairement à la liste municipale à laquelle nous participions, - a été préparé sans aucune concertation, ni même information des élus, que ce soit en commissions de travail ou en Conseil municipal. Nous prenons connaissance de l’existence de ce projet totalement ficelé seulement cinq jours avant son vote ! Encore un bel exemple de démocratie locale… Cela aurait pourtant pu être un beau sujet de débats et d’échanges sur ce qu’attendent les habitant.e.s en matière de politique municipale de santé.
En savoir plus : le site des centres de santé : https://www.fncs.org/